Film de science-fiction sorti en 1997, Bienvenue à Gattaca présente l'anticipation d'une société dans laquelle les techniques de diagnostic préimplantatoire permettent aux parents de sélectionner leur futur enfant en éliminant tous les risques de maladies, handicaps ou simples "imperfections" (calvitie). Le hasard et la nature n'ont plus aucun rôle à jouer dans la reproduction : les couples font appel à des cliniques qui sélectionnent et améliorent génétiquement leurs embryons, ce qui est appelé paradoxalement "méthode naturelle".
Les lettres utilisées pour le nom de "Gattaca" reprennent les initiales utilisées pour désigner les bases de l'ADN, GCAT, c'est-à-dire guanine, cytosine, adénine et thymine. La séquence GATTACA apparaît plusieurs fois dans de nombreux génomes.
Le film pose ainsi la question de l'eugénisme.
Il ne s'agit plus, comme aux XIXe et XXe siècles, d'empêcher les individus jugés inaptes de se reproduire par des stérilisations forcées (voir la perle sur l'eugénisme), mais d'empêcher ceux-ci de voir le jour.
Dans le film, des enfants conçus naturellement (ou "enfants de Dieu" - la mère du héros s'appelle Marie) existent encore, issus de parents trop pauvres pour payer une clinique ou bien trop idéalistes pour comprendre les nouvelles règles du jeu social. Ces enfants (appelés "non-valides") sont relégués au bas de l'échelle sociale et ne peuvent accéder qu'à des emplois peu qualifiés, tandis que les positions les plus valorisées sont occupées par des individus jugés génétiquement parfaits ("valides"). On peut trouver ici l'écho du roman d'anticipation Le Meilleur des Mondes, d'Aldous Huxley (1932).
Le film suit la trajectoire de quatre personnages en particulier :
Afin de réaliser son rêve d'enfant, Vincent prend le risque immense, douloureux et très courageux, d'usurper, avec son accord, sa collaboration et contre rétribution, l'identité de Jerome. Mais sa couverture, au sein de la prestigieuse agence spatiale Gattaca, est compromise quand des policiers viennent enquêter sur un meurtre commis dans son service. Utilisant toutes les techniques liées à l'ADN, devenue véritable carte d'identité sociale, la police se rend compte qu'un invalide est présent illégalement dans les locaux et tente de le démasquer. Vincent pourra-t-il réaliser son rêve d'espace, de liberté et de bonheur dans une société où tous les individus sont déterminés socialement dès leur conception par leur signature génétique ?
Problème :
Cette société futuriste entend encadrer la conception humaine afin de réaliser l'ambition eugéniste d'êtres les plus parfaits possibles biologiquement. Elle prétend en ce sens demeurer une méthode naturelle, dans la mesure où, comme l'affirme le généticien aux deux parents avant la conception d'Anton, il s'agit de sélectionner celui qui incarnera le meilleur d'eux-mêmes. En ce sens, ce monde semble dès lors relever de l'utopie, constituant un idéal souhaitable, duquel seraient éradiquées de nombreuses pathologies ou imperfections.
Pour autant - ce que laisse à entendre le rapprochement avec Le Meilleur des Mondes, d'Aldous Huxley - ce monde ne relève-t-il pas plutôt de la dystopie ?
Le film nous invite à épouser le point de vue de Vincent, celui qui se rebelle contre le déterminisme biologique : aurait-il seulement eu la volonté farouche de réaliser son rêve de mission spatiale, s'il avait été génétiquement programmé pour ?
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